Suite à notre séance photo chez elle, séance que j’ai voulu photographier de la manière la plus naturelle possible, j’ai demandé à Charline si elle souhaitait partager son histoire de corps. Ce qui suit est son témoignage.

Merci Charline ♡ 

 

Mon corps,

toi ma capsule terrestre… je viens de recevoir tes photos, je t’observe, j’ai peur, je suis… mal à l’aise… c’est dingue quand même de sentir une telle distance avec sa propre enveloppe, nan ?!

Je devais avoir 7 ans quand un plus grand garçon de mon école m’a dit « Tu ne devrais pas porter de jupes, on voit toutes tes veines ! ». Et paf, premier complexe ! Et oui, tu as cette drôle de particularité qui fait que lorsqu’il fait froid, ou alors si tu restes trop longtemps debout, tu changes de couleurs mais en fait, tu fais de moi un caméléon !

Plus tard, je rencontrais une dermatologue qui me disait : «  Il n’y a que deux solutions : soit tu pars vivre dans un pays chaud, puisque que quand tu as chaud, tu n’es pas comme ça ; soit tu rencontres un homme qui t’accepte comme tu es ! » J’avais 13 ans, je voulais juste ne pas subir le regard de mes camarades à la piscine… Comment ça ? Je ne suis pas « acceptable » ? Suis-je un monstre ? Ce jour là, elle n’a pas mis longtemps à me faire une dispense de piscine comprenant « très bien que tu ne souhaites pas que l’on te voit comme ça ! » Pourquoi je l’ai crue cette folle ?

Alors voilà, encore aujourd’hui, je réalise que je te cache, j’ai acquis très vite quelques méthodes d’évitement… comme porter des jupes ou alors je porte des collants très opaques… et puis je déteste les étés à la plage à moins de 25°C car je sais qu’il faudra que je jongle avec différentes tenues pour pas que l’on te regarde ! Alors, que mes jambes, je les trouve belles, elles sont musclées, elles sont bien faites ! C’est ce que je préfère chez moi… !

Vers l’âge de 14 ans, je pleurais de rage parce que je réalisais que tu ne grandiras plus jamais : 1,56 m… je me disais que ce n’était pas la taille d’une femme, que tu me condamnais à être une enfant toute ma vie… Comme si, à ce moment là, quelque chose se figeait à jamais ! Ça me paraissait impossible ! J’étais trop jeune, tu n’étais pas « fini » ! Ça m’est longtemps resté, surtout que je fais plus jeune que mon âge, avec le temps, j’ai appris à en sourire.

Mais mon plus grand complexe, c’est l’acné… depuis le CM2 où des petits boutons sont apparus sous ta frange de l’époque jusqu’à aujourd’hui encore, c’est là… et certaines cicatrices seront toujours là. Sur le visage, sur le torse et dans le dos… c’est ce qui me choque le plus quand je regarde ces images… « J’en ai plein le dos » comme un écho à mon passé, à tous ces problèmes de l’enfance qui coûte que coûte veulent me rappeler à mon mal-être… 

Pourtant, je t’en ai fait subir des soins et des traitements. C’est parti, puis c’est revenu, comme des sacrifices inutiles… Je me suis donnée du mal, surtout avec ce fameux traitement soi-disant miracle : j’avais 17 ans, on m’a obligée à être sous pilule avec un test de grossesse sanguin tous les mois, c’était la procédure… ça, plus les effets à côté : sautes d’humeur, idées très noires, sécheresse, tes lèvres partaient en lambeaux, j’avais mal, je me sentais mal, c’était horrible quand j’y pense… comment j’ai pu t’infliger tout ça ?!

Il faut accepter que tout est là pour une raison, que tu ne fais que m’envoyer ces messages pour que je prenne soin de moi. On ne devrait pas à avoir à « s’accepter » ! Quand j’y pense, c’est absurde… puisque c’est tout simplement nous ! C’est la société qui nous emmerde avec son marketing de la perfection… Une véritable Kim Jong-un de notre vision du monde et de nos corps !

Chaque jour qui passe est un pas de plus vers Toi, je me libère de tous ces carcans sociaux qui corrompent notre bien-être et notre confiance en soi ! Alors oui, ce n’est pas simple, des fois, tu me fais mal, mais j’apprends à t’écouter et te faire confiance et déjà tout s’adoucit !

Je sais aussi que tu me fais vivre de belles choses, grâce à toi je RESSENS, et ça, ce n’est pas rien, tu me rappelles l’être humain extraordinaire que je suis : tu me fais vibrer, frémir, rêver et voyager.

Avec toi, 

Je choisis de sentir d’envoûtants parfums, 

Je choisis de goûter milles et une gourmandises,

Je choisis de ressentir la douceur d’une étreinte,

Je choisis d’écouter le bruit des vagues sur nos côtes,

Je choisis de voir les beautés de ce monde,

Je choisis de faire de toi mon allié et ma force, 

Je t’écoute et un autre monde s’ouvre à moi !

Merci Pauline, de m’avoir offert cet angle de vue.

Je n’ai pas à voir peur du regard des autres, le plus beau des regards reste le mien.

Charline